Histoire de sang

Alors que nous passions la journée dans les bureaux du SFE à l’hôpital de Sé kong, nous avons entendu qu’il y avait là une petite fille venant de Kapeu qui était atteinte de dengue hémorragique et avait besoin de sang. Comme elle était de groupe sanguin O+, elle n’avait pas beaucoup de membres de sa famille qui pouvaient donner pour elle, et l’hôpital n’avait plus de sang de ce groupe. Parmi les gens présents au bureau ce jour-là, le chauffeur lao avait le bon groupe, et Etienne aussi.

Le chauffeur lao n’avait pas envie de donner du sang, il avait je pense peur et a aussi dit qu’il le ferait peut-être pour quelqu’un de sa famille mais pas pour des inconnus.

Etienne était d’accord de donner, et nous nous sommes rendus à la Croix-Rouge locale pour le faire. Après remplissage du questionnaire ad’hoc, en lao avec l’aide du docteur Soy pour traduire, le jeune médecin sur place a téléphoné à son chef pour savoir si l’on pouvait déroger à la règle du pays qui dit pas de don au-delà de 60 ans. Cela a été refusé, ils ne voulaient pas prendre le risque qu’un falang se trouve mal en ayant enfreint le règlement.

Après plusieurs téléphones, ils ont réussi d’obtenir de l’hôpital d’Attapeu qu’ils donnent les 4 sachets de sang O+ qu’ils avaient, mais bien évidemment, ils ne voulaient pas venir l’apporter. C’est donc Ruth, notre collègue de Sékong qui s’est collée les 120km, dont la plupart à la nuit tombée.

A Attapeu, nous avions un collègue O- qui était d’accord de donner, mais ils n’ont pas voulu pour ce cas-là, car ici on ne transfuse pas du O- sur du O+.

Nous ne savons toujours pas si la petite fille est tirée d’affaire…

Cette histoire illustre la situation dans ce domaine. Les banques de sang peinent à trouver des donneurs, car les gens ne voient pas pourquoi ils donneraient, sauf si quelqu’un de leur famille en a besoin. Il y a une grande ignorance et beaucoup de peurs.

Lundi matin à Attapeu, nous avons assisté à une discussion de notre équipe sur place à ce sujet, suite à la proposition de donner une fois en groupe, proposition falang bien sûr. Même dans ce milieu qui est sensibilisé aux problèmes de santé, les résistances étaient vives.

 


Cours de cuisine à Baan Kapeu

Nous voici à la ferme de Kapeu qui est à la fois le bureau local de l’ONG, le centre de formation des équipes qui vont faire des activités de développement communautaire dans la région, un terrain d’expérimentations agricoles, et aussi un lieu de formation pour des jeunes dans le domaine agricole.

Aujourd’hui, trois jeunes qui viennent de passer trois mois de stage pratique  à la fin leurs études dans une école d’agriculture de la région quittent la ferme. Ils viennent de la région et vont entrer dans la vie active.

Cette semaine a lieu pour la première fois un cours de cuisine pour les mè-baane, celles qui travaillent ici, il y a quand même 15-20 personnes à table les midi, celle qui accompagne les équipes dans les villages et une ou deux autres dont celle qui travaille chez nos amis expat. L’objectif du cours était de leur apprendre quelques nouvelles recettes, et aussi à faire bon sans trop de piment pour quand on reçoit des étrangers. L’enseignante est la mé-baane des Sch. qui est une très bonne cuisinière.

Quelques photos, cliquer sur les images pour voir en grand!

Baan KapeuBaan KapeuBaan Kapeu

 Baan KapeuBaan KapeuBaan Kapeu

Vous remarquerez que l’on travaille à même le sol.Les deux dames en conciliabule ajustent l’assaisonnement de la salade de papaye verte, que vous voyez râpée dans la bassine à leur gauche. On y met une carotte pour l’effet visuel. Ensuite la salade sera tapée dans le grand mortier où se trouve sa sauce(jus de citron-aïl-piment sucre glutamate et sauce de poisson). Cela attendrit la papaye qui autrement est dure sous la dent.

Sur la table dressée vous remarquerez les petits paniers à riz individuels qui contiennent le riz collant du pays. Chacun a le sien.

 

 

 

 

 


techniques locales

techniques locales

Quoi de plus ordinaire et de plus courant, même ici, qu’une bouteille en PET usagée. Et ce n’est pas pour vanter les vertus de l’eau en bouteille, ni pour vilipender la pollution causée par cette débauche de plastique que je mets cette photo ici.

Comme vous l’avez peut-être déjà perçu, cette année est une année à mangues, et tous les arbres de la ville en sont pleins. Reste un problème, c’est que quand elles tombent elles sont souvent très(trop) mûres, et que de s’écraser au sol ne les améliore pas. Il faut donc pouvoir en cueillir.Pour ceux qui ne connaissent pas, rappelons que ces fruits sont suspendus au bout d’une espèce de « ficelle » végétale.

J’ai observé deux méthodes: l’une c’est de fixer un petit crochet bricolé en fil de fer au bout d’une longue perche de bambou, et de crocheter la ficelle en question. La présence d’un complice qui rattrape le fruit avant son arrivée au sol est recommandée.

L’autre méthode est celle de la bouteille au bout d’un bambou. Notre prof de lao nous a montré comment couper une ouverture sur le côté de la bouteille. On y loge le fruit, puis on tire la bouteille de côté d’un coup sec et décidé, ce qui coupe l’attache du fruit. On abaisse ensuite précautionneusement son bâton et le fruit arrive en bas en bonne forme.


hippy ou punk?

C'est quoi ça?

clic sur image pour voir en grand!

Sur le pas de notre porte un de ces matins, un insecte aux couleurs étranges portant une trompe rouge spectaculaire. Il était très tranquille, me donnant l’occasion de tirer son portrait. J’ai même pu le faire monter sur un support noir pour qu’on le voie bien. Je me demandais s’il était à l’agonie, eh bien non! Quand la pose photo a été terminée, j’ai secoué le support, et il s’est envolé pour se poser sur le tronc de l’un des manguiers.

Admirez tout de même sa robe verte à fleurs, et l’assemblage de couleurs inédit.


familles de mots

En langue lao, comme dans toutes les langues j’imagine, il y a des familles de mots.

L’une des premières que l’on remarque, c’est celle de l’eau « nàm ». tout ce qui est liquide commence par « nàm »: les jus de fruits, le thé, l’huile qui est de l’eau grasse, ensuite on précise si elle est végétale, animale, ou mécanique.

Ainsi de l' »eau grasse de cochon », c’est du saindoux, de l’eau en morceau, c’est un glaçon, et de l’eau « construite », c’est un puits. La mère de l’eau étant une rivière.

Et le miel? De l’eau d’abeille!

Une autre grande famille, c’est celle du khii, celle du caca en d’autres termes.

Sans surprise, ce petit mot débute tout ce qui est mal propre: la poussière, la boue , les déchets,…

Cela vaut aussi au figuré pour les traits de caractère négatifs: colérique, paresseux, voleur, avare,…

Et même la couleur grise qui se dit « couleur cendre », ou littéralement « couleur caca de feu ».

Mais il me reste une énigme à résoudre, c’est pourquoi la « volonté de Dieu » se dit « nàm pra thai kong pra tjao », est-elle liquide???


mango-mango (2)

mango-mango (2)

Après les mini-mangues, voici les grosses mangues. En fait les mangues d’ici ne sont pas aussi grosses que ce que vous trouvez parfois dans les magasins en Suisse. Elles sont un peu plus ovoïdes, et de couleur verte à jaune suivant les variétés. Nous en avons déjà mangé des pas mûres dont les gens ici

mango-mango (2)raffolent, en petites collations hors des repas pour relancer la machine quand il fait trop chaud. Maintenant, elle tombent quand elles sont mûres, et il y en a plus que ce que nous pouvons consommer à mesure. Alors, comme au pays quand cerises, prunes,…donnent sans mesure je fais des confitures.

 

mango-mango (2)Aujourd’hui, le ciel était avec moi, car alors que j’y songeais avec une certaine appréhension due à la température ambiante, un bel orage bien mouillé s’est déclenché me permettant de mener l’affaire à bien sans y perdre toute l’eau de mon corps. Rien de tel qu’une bonne pluie pour rafraîchir l’atmosphère!

 

mango-mango (2)Pour donner un peu de relief à ma confiture, un peu de zeste de citron vert et quelques fruits de la passion, que vous pouvez voir au premier plan. ceux-ci viennent du marché et pas de notre jardin, et ce n’est pas faute d’avoir essayé.


Les fleurs mortes se ramassent à la pelle…

Les flamboyants ont bien fleuri cette années et maintenant les fleurs font un tapis rouge dans l’allée. C’est très beau jusqu’à ce que ça pourrisse, comme les feuilles en Suisse en novembre.

Mon reste de suissitude me dit qu’on ne doit pas laisser ça, et à la place du fitness, je prends ma pelle et mon balai…

Vous voyez ici la suite du travail et mes instruments locaux. La « ramassoire », modèle pays est composée d’une boîte demi-boîte en fer blanc sciée et au dos de laquelle on a fixé un manche en bois. Cela coûte trois fois rien, c’est de la récup, ça dure longtemps et c’est parfaitement fonctionnel.

 

La suite consiste à répartir ces pellées de bonnes fleurs compostables au pied des plantes du jardin, dont celle-ci qui a pris son look de saison des pluies: belles feuilles brillantes et fraîches, au lieu de pauvre petites choses rabougries et poussiéreuses.


mini mangues

mini manguesLa saison des mangues est arrivée, et étonnamment, c’est le dernier arbre qui a fleuri qui donne en premier. Ce sont des mini-mangues, à se demander si ce sont des sauvageons. Elles ont la taille de prunes et tombent régulièrement dans l’herbe. La question technique étant: comment les manger? Elles ont une peau assez dure et épaisse, et plutôt âcre donc

mini manguesles croquer est exclus. Les peler c’est difficile, et il ne reste pas grand chose à sucer ensuite. Nous avons donc demandé à notre prof de lao qui nous a dit comment il faisait dans sa jeunesse à la campagne: on les ouvre à un bout, comme un oeuf à la coque, puis on pousse le noyau dehors par l’autre bout. On suce ensuite ce noyau charnu. A l’époque où il n’y avait pas un magasin de bonbons dans chaque village, cela faisait un gros bonbon acidulé. Ensuite ils farcissaient la peau restante de riz cuit, de laissaient tirer un peu et de mangeaient le riz parfumé du reste de jus. Ou est-ce qu’ils les cuisaient? Il faudra que je vérifie…


Electricité encore!

Electricité encore!Le fer à souder, les fils, le voltmètre,… il y a de l’électricité dans l’air!

Profitant du samedi, Etienne a démonté les batteries de notre véhicule électrique qui commençait à donner des signes de dysfonctionnement pas rassurants du tout, genre s’arrêter tout d’un coup, puis repartir quand même.

Electricité encore! 

Démontage judicieux puisqu’un fil était presque arraché. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, et l’état des routes par ici n’y est certainement pas étranger. Et une fois de plus, se débrouiller un peu en électricité, ça n’a pas de prix!

 


L’arbre de la semaine

l'arbre de la semaine

Quand la chaleur est au maximum comme ici ces temps, un flamboiement de rouge éclaire tous les coins de la ville, et aussi le fond de notre jardin. Ces arbres, les flamboyants ont une vigueur peu commune, et en forêt on en voit parfois émerger à une altitude conséquente. Dans notre jardin, ils nous font certes une ombre bienvenue, mais jonchent aussi le sol de débris divers à longueur d’année. Ils changent toutes leurs feuilles, et les branchettes qui les portent juste avant de fleurir. Ils sont aussi très cassants au niveau des branches, et à chaque tempête, nous avons des branches au sol. De plus, à mon avis, ils commencent à devenir trop hauts par rapport aux maisons ds environs et devraient être(avoir été) écimés. Mais je ne suis pas propriétaire…Je me contente donc d’admirer la floraison. Ils fructifient aussi, produisant d’immenses haricots que les laotiens mangent crus je crois. Mais chez nous, ils viennent à une telle hauteur que pas moyen d’essayer d’y goûter.

L'arbre de la semaine

 

L'arbre de la semaine